Après 4 mois de préparation intense, nous venons de lancer ce début janvier un test de 5 mois en mode semaine de 4 jours (payée 5).
Une précision sémantique pour commencer : chez nous le terme “semaine de 4 jours” est proscrit. On parle “de semaine 4-100-100”, car il décrit mieux le pacte (et le pari) que nous faisons :
- 4 jours de travail par semaine (sur une base de 32 heures),
- 100% des résultats atteints,
- 100% du salaire payé.
L’idée est donc de faire autant et aussi bien, sans pour autant aller plus vite. Mais ça, nous en parlerons une prochaine fois.
Alors, pourquoi avons-nous décidé de passer à la semaine 4-100-100 ?
1. La première salve
Le 14 juin 2022, une des questions CSE est “Le prix des carburants ne va malheureusement pas baisser de sitôt, de ce fait la possibilité de semaines à 4 jours est elle possible? “Nous répondons : “C’est un sujet qui n’a jamais été remonté. Nous avons un a priori défavorable à cause du risque de TMS [troubles musculaires dû au travail manuel] si les journées s’allongent, mais si c’est ce que tout le monde souhaite, on peut l’étudier.“
2. Le moment où ça a fait clic
Le 25 juin 2022, j’écoute un podcast où Laurent de la Clergerie parle de son expérience de la semaine de 4 jours au sein de LDLC. Je trouve ça intéressant sans y projeter forcément Voltaire.
Et à un moment, il parle en substance de “quand on est parent, on travaille tous les jours de la semaine, et le soir et week-end on travaille encore à s’occuper de ses enfants”. Et là, ça fait clic : je me reconnais complètement dans la situation. Je travaille plutôt beaucoup et je suis très impliqué dans mon rôle de père de deux enfants en bas âge. Et encore, je suis un privilégié car je fais un travail qui me passionne et sans pénibilité.
Si je m’identifie avec cette situation, j’imagine que d’autres aussi, et je décide de me documenter sur le sujet.
3. La poudre à canon
Début juillet 2022, je décide d’en parler avec quelques personnes dans l’entreprise, et je vois que le sujet les emballe. Xan, notre responsable de production, qui gère une partie importante des effectifs dit “sans problème on le fait, on peut commencer dans deux mois !”. Cécile du service client me dit qu’elle serait capable de faire sa semaine en 32 heures, et ainsi de suite pour presque toutes les personnes interrogées. Bref, c’est un sujet “poudre à canon” où une simple allumette embrase tout. L’idée qu’on se fait du management chez Voltaire est de se dire que notre rôle est de libérer, pas de se mettre en travers : et là, quand on voit la vitesse de l’embrasement, l’évidence s’impose à nous.
4. L’annonce
Le 27 juillet 22, on fait une de nos réunions régulières où on réunit les 90 salariés de notre site principal, à Bidart au Pays Basque. On annonce notamment nos résultats financiers, on échange sur les dernières actualités et on remercie les équipes pour la belle année. Pour conclure, on soumet l’idée du 4-100-100. Nous demandons qui est intéressé, et là les mains se lèvent progressivement, avec au final une écrasante majorité. Le projet est donc validé et nous nous fixons pour objectif d’être prêts le 1er janvier 2023.
Pourquoi a-t-on vraiment décidé de se lancer ?
Avec le recul, on se rend compte qu’en tout point ce projet incarne les valeurs de l’entreprise et notre envie constante d’innover.
Assurer un équilibre vie perso / vie pro à nos équipes est vraiment un facteur clé et renvoie à la liberté, une des valeurs clés et fondatrice de Voltaire Group.
Le goût du challenge que nous partageons et notre conviction collective que nous pouvons atteindre les mêmes objectifs ambitieux tout en travaillant moins reflète l’ownership de nos équipes.
La volonté de développer notre “muscle de la productivité” pour faire autant en moins de temps est elle le miroir de notre culture de la performance.
Et enfin comment aurions nous pu donner une meilleure preuve de confiance aux équipes, que de les suivre sur ce projet ?
Pour conclure, je laisse la parole à un membre de l’équipe des stocks, Stéphane, qui après l’annonce, m’avait dit : “j’avais entendu parler d’entreprises qui faisait ça, et je me disais que c’est bien un truc que chez Voltaire, nous serions capables de faire”. On le saura vraiment à l’issue de notre test, mais c’est la preuve que cette innovation sociale ressemble à nos équipes qui sont prêtes à relever tous les défis. Merci et bravo à elles.
La suite de nos aventures sur la semaine de 4 jours (ou semaine 4-100-100, on se comprend) c’est pour bientôt : comment nous nous sommes préparés, comment nous espérons faire autant en moins de temps mais sans travailler plus vite, nos déconvenues, nos succès…
Voltaire Group, fondé dans un garage à Espelette en 2010, est un des leaders mondiaux de la sellerie de sport. C’est 6 marques (dont Forestier, Voltaire Design et Equisense), 200 salariés à travers le monde et un groupe moderne qui met sa responsabilité sociétale au cœur même de sa mission d’entreprise dans l’objectif de « Libérer son potentiel pour exceller ».
Brice Goguet est le président et fondateur de Voltaire Group.